Le Conseil national de l’alimentation (CNA) a donné vendredi son aval à une réintroduction partielle des farines animales en France, quinze ans après leur interdiction dans l’Union européenne suite à la crise de la « vache folle ».
Il y a quinze ans, l’Europe découvrait avec stupeur la maladie de la « vache folle ». Crise sanitaire, puis socio-économique, causée entre autres par l’utilisation des farines animales. Celles-ci ont été dans la foulée bannies de l’Union Européenne. Mais ce vendredi, le Conseil national de l’alimentation (CNA) a donné son aval à leur réintroduction partielle en France. La « vache folle » n’est donc plus qu’un lointain souvenir.
Cependant, ce retour est conditionné. Car l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a rendu le 16 novembre un avis défavorable à la proposition de la Commission européenne. Celle-ci suggère d’autoriser un nouveau type de farines. Le débat est donc de mise. Il s’intensifie même. En effet, Bruxelles souhaite lever l’interdiction uniquement pour l’alimentation des porcs, des poissons et des volailles. Les farines resteraient interdites pour les ruminants. L’avis rendu vendredi par le CNA est destiné à « éclairer les pouvoirs publics » dans le cadre de négociations européennes en cours sur ce sujet, souligne-t-il dans un communiqué. Le Conseil estime toutefois que la fixation d’une date précise du retour des farines animales n’est pas à l’ordre du jour, sachant que l’opinion publique n’est pas prête.
D’autant plus qu’en juin déjà, le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire s’était déclaré opposé à leur réintroduction. « Tant que je serai ministre de l’Agriculture, les farines animales ne seront pas réintroduites en France », avait-il dit au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Le boycottage des farines animales pour tous les animaux avait été pris en 1996 pour le Royaume-Uni. Le but était d’enrayer l’épizootie d’encéphalopatie spongiforme bovine (ESB), c’est-à-dire la maladie de la « vache folle ». Selon les données du CNA, cette épidémie a fait 221 morts dans le monde, dont 174 au Royaume-Uni. Dans son avis, le CNA souligne que la nouvelle formule serait appelée PAT, pour Protéines Animales Transformées, très différente des premières farines animales (de viandes et d’os) qui incorporent des cadavres d’animaux. Il serait par exemple interdit d’utiliser un animal malade pour constituer une farine destinée à en nourrir d’autres. En outre, un animal ne pourrait pas être nourri avec des farines de son espèce.
Le CNA, pour justifier le retour de ces farines animales, met en avant l’argument économique. L’alimentation des animaux revenant moins cher si elle pouvait l’être avec des farines animales, qui ont également l’avantage d’avoir une teneur élevée en protéines. Le bétail est actuellement nourri avec des protéines végétales essentiellement importées qui coûtent cher. Le CNA reste toutefois prudent sur l’évaluation de l’impact économique. En France, la production d’aliments composés pour animaux d’élevage à partir de céréales, tourteaux et graines a atteint 21 millions de tonnes en 2010. Les 198 entreprises spécialisées dégagent un chiffre d’affaires de près de 7 milliards d’euros par an
Par Maxime Ricard pour France spoi
4 décembre 2011
Dictature Santé